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Candidature au poste de vice-Président à la ruralité et à l’agriculture

Glyphosate

Hier, de 14 h 00 à 21 h 30, nous avons élu le Président et les vice-Présidents de l’Intercom Bernay Terres de Normandie. Au total, 5 personnes liées directement au monde de l’agriculture sur-représenté, parmi les 13 membres du bureau ! Y-a-t-il 38% d’agriculteurs qui vivent dans nos territoires ? Magnanime, le tandem Gravelle-Wagner a laissé deux places à Valéry Beuriot et Frédéric Delamare. Il valait mieux les avoir avec soi que contre soi. Belle victoire de Pascal Didtsch, à la culture, aux sports et aux associations. C’est un beau signal pour nos territoires !

Face à Jean-Jacques Prévost, au poste de vice-Président à la ruralité et à l’agriculture, j’ai recueilli 36 voix, contre 64 à mon concurrent. Je remercie très sincèrement tous les délégués dont les voix se sont portées su mon nom. Ce fut pour moi l’occasion de faire entendre une autre voie, celle d’un point de vue largement partagé par nos populations. Quand est-ce que nous allons enfin avoir une représentation politique en phase avec les aspirations profondes de nos territoires ?

Denis Szalkowski
Maire de Saint-Eloi-de-Fourques


Faire taire nos printemps silencieux

J’aurais aimé que nous vous proposions une grande vice-présidence des milieux aquatiques et de l’eau, de l’environnement et du développement durable, de la transition énergétique et du logement, des transports et de la mobilité, de la collecte et du recyclage des déchets ménagers, de la ruralité et de l’agriculture. Nous peinons à imaginer notre futur. Et, nous nous contentons, hélas, de reproduire les schémas du passé. Figurez-vous que Le mot de ruralité n’apparaît même pas dans nos statuts. Il est vrai qu’il est bien difficile de définir ce qu’est la ruralité.

Avec le confinement, bientôt la fibre, nos territoires vont reprendre en attractivité. La grande transhumance a déjà commencé et, avec les nouveaux habitants, arrivent de nouvelles exigences. Le dynamisme de notre territoire voudrait que nous soyons ouverts aux demandes de ces populations en passe de devenir très largement majoritaire sur notre territoire. Depuis 2008, nos plaines se sont vidées de leurs haies, bientôt de leurs pâtures pour laisser la place à une agro-industrie, dont les rendements plafonnent. Il nous faut travailler avec les agriculteurs, avec les sociétés de chasse et les communes pour replanter. Nous avons envie de réentendre les oiseaux, voir voler des insectes et des papillons. Nous n’en pouvons plus de ces printemps silencieux, mis en lumière dès 1962 par Rachel Carson. Notre ruralité – pouvons-nous encore parler de ruralité – sur nos plateaux est devenue laide, peu accueillante pour nos nouveaux habitants, nos enfants, pour les touristes ! Alors, c’est quoi la ruralité ? En regardant nos plaines et nos plateaux exsangues de fossés, de prés et de haies, vous comprendrez assez facilement ce qu’elle n’est plus.

La mise en place des ZNT, la sortie des pesticides et du glyphosate exigent d’accompagner les agriculteurs. Il nous faut envoyer un signal fort pour changer le cours des choses, pour sortir les agriculteurs d’un modèle économique construit sur la dette et une productivité favorisant une agriculture à faible valeur ajoutée, de plus en plus exposée à une concurrence mondiale déloyale. Les solutions existent, y compris pour les champs de grande culture. Je pense notamment au concept d’agriculture intégrée. Aujourd’hui, notre balance commerciale est déficitaire sur les fruits et légumes. Nos habitants recherchent des maraîchers bio partout sur notre territoire. Nous en manquons. Il faut que l’Intercom puisse préempter pour faciliter l’installation de ces agriculteurs de proximité dont nous avons besoin pour nous nourrir proprement. Notre agriculture, ce n’est pas de voir un agriculteur belge créer une ferme de 1000 vaches, à Houlbec-Cocherel, près de Chambray. Ce n’est pas de voir un modèle qui pousse à des exploitations agricoles de plus de 1000 hectares. Ce serait une catastrophe pour nos habitants, l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons. Les communes et l’Interco peuvent accompagner, comme nous l’avons fait à Saint-Eloi-de-Fourques, en exonérant de TFNB pendant 5 ans la conversion des parcelles en bio.

Ce modèle agricole risque aujourd’hui d’engloutir financièrement nos collectivités en nous obligeant à dépolluer notre eau, comme à Sylvain les Moulins, avec l’usine de dénitrification. Partout, les taux de nitrates augmentent. Partout ou presque, nous observons des dépassements de seuil en pesticides. La folie serait de croire que la solution serait dans la répétition d’un modèle qui, par ses externalités négatives, nous coûte cher, très cher à nos finances locales, à la biodiversité et à notre santé.

Ce que je vous propose, c’est donc :

  1. de flécher les fonds de concours, en mettant en avant l’aménagement paysager, l’éco-tourisme et les projets de conversion en bio ;
  2. de rendre nos territoires plus accueillants en montrant aux nouveaux habitants des villes et de nos campagnes que nous les avons entendus et que nous nous soucions réellement de la mise en œuvre de pratiques soucieuses de la biodiversité, de la flore et de la faune ;
  3. d’accompagner les agriculteurs, afin notamment de les sortir d’un modèle, qui par le coût des intrants et la chute des prix, est en train de les faire sombrer économiquement.

La solution n’est pas de produire plus, mais bien de produire mieux dans le cadre d’une agriculture moins gourmande en pesticides de synthèse issus de l’agrochimie. Croyez-vous, un seul instant, que nous allons pouvoir faire autrement ? Je voudrais terminer par cette phrase qu’on attribue à Albert Einstein et qui dit ceci : « La folie c’est de faire la même chose encore et encore, et d’attendre des résultats différents. » Je vous remercie.